« Le succès de l’hébreu prouve qu’une langue ancienne peut s’adapter à une nouvelle réalité » (Académie de la langue hébraïque).

Paris. 2008. Grâce à l’initiative de l’Académie de la langue hébraïque (HaAcadémiah LaLashon HaIvrit), l’Assemblée générale de l’Unesco décide de rendre hommage à la figure emblématique d’Eliezer Ben Yéhouda (1858-1922), couronnant ainsi une vie et une œuvre exceptionnelles vouées totalement au renouveau de la langue hébraïque.

Issu d’une famille profondément hassidique, Eliezer Ben Yéhouda est, dès sa plus jeune enfance, instruit dans l’étude des textes liturgiques hébraïques et des sources se rattachant à la tradition juive classique. Pourtant, inspiré par les nihilistes russes, il rompt avec son appartenance au peuple juif. Il avoue, cependant, que c’est à son attachement à la langue hébraïque qu’il doit sa non-assimilation à la nation russe. Eliezer Ben Yéhouda est intimement persuadé que la rédemption d’Israël ne s’accomplira que par le renouveau de l’hébreu comme langue nationale: En 1877, il écrit: « Les Juifs ne peuvent être vraiment vivants que s’ils retournent au pays de leurs pères et qu’ils reviennent à la langue biblique » Et encore: « l’Hébreu est la seule voie pour réaliser la rédemption de la nation juive ». Fidèle à cette vision, et sous l’influence de l’émergence des nationalités et du mouvement de la Haskala (Aufklärung), il décide, avec son épouse Dévorah Yonas, d’adopter l’hébreu comme langue vernaculaire.

Après avoir collaboré au Journal hébreu HaBaTSelet (« Un Lys ») en tant que rédacteur en chef-adjoint, il fonde en 1884 son propre Journal « HaTsVi » (« Le Cerf »), véritable plateforme où il exhorte les jeunes pionniers et les futurs fondateurs de l’Etat d’Israël à ne s’exprimer qu’en hébreu. Devenu enseignant à l’Ecole de l’Alliance Française Universelle, il n’a de cesse de vouloir propager l’hébreu. Malgré l’absence de manuels scolaires en hébreu, son entreprise se voit couronnée de succès.

En 1891, la maison d’Eliezer Ben Yehouda se transforme en Centre du Comité de la Langue hébraïque. Au terme de la première guerre mondiale, Eliezer Ben Yéhouda retourne en Erets Israël après avoir fuit les persécutions ottomanes. Le mérite lui revient d’assister à la reconnaissance de son œuvre majeure par l’Administration mandataire britannique qui déclare l’hébreu langue officielle en Erets Israël. Eliezer Ben Yéhouda s’éteint en 1922 mais son œuvre, la résurrection de l’hébreu, continue à vivre et s’épanouir.